NORD-DU-QUÉBEC

Principales villes : Chibougamau, Lebel-sur-Quévillon, Matagami, Mistissini, Kuujjuaq
Gentilés : Nord-Québécois, Nord-Québécoise; Jamésien, Jamésienne; Nunavimmiut (inuktitut)
Superficie : 860 681 km2
Population (2023) : 46 703
Origine des toponymes :

  • Baie-James: en l’honneur de l’explorateur Thomas James
  • Eeyou Istchee (en cri) : la terre du peuple
  • Nunavik (en inuktitut) : la grande terre, endroit où vivre

Mots clés : autochtones, plein air, paysages, hydroélectricité

Le Nord-du-Québec (parfois appelé familièrement « le Grand Nord ») est la plus grande région de la province dont elle couvre plus de la moitié du territoire, mais la moins densément peuplée. Comme son nom l’indique, elle est située en majorité au nord du 50e parallèle. Elle se divise en deux sous-régions : la Jamésie (Eeyou Itschee Baie-James), qui longe la Baie-James et qui est notamment habitée par des communautés cries (eeyou), et le Nunavik, au nord du 55e parallèle qui est constitué de 14 villages nordiques inuit.

Le Nord-du-Québec est donc principalement habité par des communautés autochtones. Son territoire est d’ailleurs régi par la Convention de la Baie-James et du nord du Québec (1975) et par la Paix des Braves (2002), qui octroient aux membres des communautés inuites, cries et naskapies des droits exclusifs de chasse et de pêche. En contrepartie, l’État québécois peut y exploiter les ressources naturelles.     

Communautés autochtones du Nord-du-Québec
Adapté de : Carte des communautés des Premières Nations et Inuit au Québec
© Annie Perron • LUM design, en collaboration avec La Boîte Rouge VIF

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Grand Nord
iStockphoto

Le Nunavik étant en territoire arctique, c’est surtout autour de la Baie-James que se trouvent les exploitations forestières et minières de la région. Avec ses grandes et puissantes rivières, dont la Caniapiscau, la Rupert ou la Grande Rivière de la Baleine, la région est surtout propice à la production hydroélectrique. On y trouve la Centrale Robert-Bourassa, la plus grande centrale du Québec, et le réservoir Caniapiscau, la plus grande réserve d’eau douce de la province.

Au-delà des grandes constructions humaines, la plus vaste région du Québec contient aussi son plus grand lac naturel, le lac Mistassini, et son plus haut sommet, le mont d’Iberville, qui atteint une altitude de 1652 mètres.

Les paysages vierges de la toundra (Nunavik) et de la taïga (Baie-James) font du Nord-du-Québec un véritable lieu de dépaysement où les principales activités reposent sur le plein air : pêche sportive, motoneige, trekking, kayak de mer, escalade…

Il est aussi possible d’y voir, deux spécificités nordiques : les ours polaires et les aurores boréales.

LE NORD-DU-QUÉBEC EN TEXTE

Le voyage de l’oie

Extrait du roman Nirlitt de Juliana Léveillé-Trudel, 2015
Juliana Léveillé-Trudel, Nirliit, Saguenay, La Peuplade, 2015, p. 15-17, 24-25.

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La route est longue jusqu’à toi, Eva. Salluit, 62e parallèle, bien au-delà de la limite des arbres, Salluit roulé en boule au pied des montagnes, Salluit le fjord au creux des reins, et, seize kilomètres plus loin seulement, le grand détroit d’Hudson qui te conduira peut-être jusqu’à l’océan Arctique, qui sait.

Il faut venir par les airs, comme les oies, nirliit, je refais inlassablement le chemin du sud au nord puis du nord au sud, chaque fois que l’été revient, chaque fois que l’été se termine. L’avion s’arrête d’abord à La Grande Rivière, trois heures de vol au nord-ouest de Dorval, beauté rugueuse et saisissante lorsque le Dash-8 redescend sous les nuages pour survoler le gigantesque réservoir Robert-Bourassa, des eaux sombres à l’infini, encadrées par des rangées serrées d’épinettes. Le minuscule aéroport de La Grande accueille la faune habituelle du Nord. Des géologues en mission pour le ministère des Ressources naturelles. Des infirmières. Des travailleurs sociaux. Moi. Je ne sais trop dans quelle catégorie me classer. Des inconnus qui ne se parleraient jamais en ville entament des conversations animées, rient aux éclats. Des Blancs. Qallunaat. Les Inuits ne parlent pas. Pas à nous. Nous non plus. Les Blancs dans un coin, les Inuits dans l’autre. […]

Deuxième arrêt : Puvirnituq, « Odeur de chair pourrie », […] un nid de misère parfait pour nourrir une criminalité florissante et rafler année après année le titre de communauté la plus violente du Nunavik. […]

Salluit au bout de la route, seules les outardes poussent plus au nord. […]

***

Été arctique. Il n’y a pas de nuit. Jamais. Le soleil disparaît derrière les montagnes en éclaboussant les nuages d’une lumière orangée. Il disparaît mais ne se couche pas. Il fait sombre, mais jamais noir. […] Tout est gris ou bien argent, le fjord est argent, dites que c’est tellement beau le fjord argent que ça donnerait le goût de brailler. J’ai souvent le goût de brailler, je ne suis pas nécessairement triste, mais c’est juste que c’est trop ici, trop beau ou trop dur.

Vue générale de Salluit, 2008
Wikimedia Commons

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