BAS-SAINT-LAURENT

Image

Principales villes : Rimouski, Rivière-du-Loup, Matane, Mont-Joli, Amqui, La Pocatière
Gentilé : Bas-Laurentien, Bas-Laurentienne
Superficie : 28 401 km2
Population (2023) : 202 955
Origine du toponyme : emplacement géographique

Mots clés : villages, nature, paysage, fleuve

La région du Bas-Saint-Laurent, parfois appelée « le Bas-du-Fleuve », longe la rive sud du fleuve Saint-Laurent de la fin de Côte-du-Sud (Chaudière-Appalaches) jusqu’à la ville de Matane, souvent considérée comme appartenant à la région de la Gaspésie. Au sud, elle borde la frontière américaine (État du Maine) et la province canadienne du Nouveau-Brunswick.

La région est traversée par la chaîne de montagnes des Appalaches, mais la majorité de sa population se trouve sur la rive du Saint-Laurent et le long des rivières et des lacs Témiscouata et Matapédia.

Image

Municipalités du Bas-Saint-Laurent
Wikimedia Commons

Pour découvrir les villages du Bas-Saint-Laurent – dont Kamouraska, l’un des premiers à être nommés par l’Association des plus beaux villages du Québec –, il faut parcourir la route 132, nommée la Route des Navigateurs (qui traverse aussi le Centre-du-Québec et Chaudière-Appalaches). Différents arrêts permettent d’explorer l’histoire et la géographie du fleuve Saint-Laurent, à travers ses îles, ses phares ou ses anciennes stations balnéaires. On peut aussi y observer sa faune marine ou ailée grâce à des croisières ou à une visite dans la réserve faunique de la Baie-de-l’Isle-Verte.

Image

Parc national du Bic
Photo : Sophie Dubois

Outre le littoral, la région est principalement boisée et comprend quatre parcs nationaux pour s’adonner aux activités de plein air, dont la randonnée. Le parc national du Bic est notamment prisé pour ses sentiers longeant les baies et les anses ou pour ses caps offrant de magnifiques points de vue sur le fleuve.

Le site historique maritime de la Pointe-au-Père offre la visite d’un phare, du sous-marin Onondaga et du musée consacré à l’Empress of Ireland, un navire dont le naufrage, en 1914, constitue la plus grande tragédie maritime du Canada.

L’économie du Bas-Saint-Laurent est historiquement concentrée autour de l’industrie forestière, de l’agriculture et de la pêche. Aujourd’hui, on y fait aussi de la recherche en technologie et biotechnologie marines, notamment à l’Institut des sciences de la mer rattaché à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Pour découvrir les saveurs de la région, on peut suivre la Route des bières de l’Est-du-Québec ou encore se régaler des fameuses crevettes de Matane.

LE BAS-SAINT-LAURENT EN TEXTE

en route vers le manoir

Extrait du roman Kamouraska d’Anne Hébert, 1970

Anne Hébert, Kamouraska, dans Œuvres complètes, t. II Romans (1958-1970), Montréal,
Presses de l’Université de Montréal, coll. « Bibliothèque du Nouveau Monde », 2013 [1970], p. 249-252.

Élisabeth d’Aulnière épouse Antoine Tassy, seigneur de Kamouraska.
Après leur mariage, ils quittent la vallée du Richelieu pour se rendre à Kamouraska.

Quinze jours de voyage. Longues routes désertes. Forêts traversées. Petites auberges de villages. […] […] Saint-Hyacinthe, Saint-Nicolas, Pointe-Lévis, Saint-Michel[-de-Bellechasse], Montmagny, Berthier, L’Islet, Saint-Roch-des-Alnaies, Saint-Jean-Port-Joli…

Le bas du fleuve respiré à pleins poumons. Les soirées deviennent plus fraîches. L’odeur des grèves se lève, de plus en plus fort.

Antoine Tassy salue au passage une frontière invisible sur l’eau, là où le fleuve devient salé comme la mer. Elisabeth d’Aulnières songe à la douceur du Richelieu.

Sainte-Anne[-de-la-Pocatière], Rivière-Ouelle, Kamouraska ! […]

Le marié brandit son fouet sur le ciel de juillet. Il montre les îles, les nomme lentement, comme des personnes, fait les honneurs de ses terres à sa jeune épouse.

- L’île aux Corneilles, l’île Providence, l’île aux Patins, la Grosse Île…

Paysage d’été, bleu de brume chaude. Les longues étendues des grèves vaseuses. L’odeur de la marée basse emplit l’air lourd. La ligne de l’eau se perd sur le ciel. On ne voit pas l’autre rive du fleuve. […]

Le manoir[1], quelqu’un demande où se trouve le manoir. Une voix d’homme, avec une pointe d’accent américain. C’est l’hiver. Il gèle à pierre fendre. On lui indique d’un geste lent de paysan le bout du village, un cap solitaire qui s’avance dans le fleuve.
[…]

Le manoir. Vous ne risquez pas grand-chose d’y retourner […]. Vous savez bien qu’il n’y a rien plus rien. Tout a brûlé en 18… Rasé, nu comme la main. Qui peut se vanter de pouvoir ainsi effacer sa vie passée, d’un seul coup ? Quelques flammes, beaucoup de fumée, puis plus rien. La mémoire se cultive comme une terre. Il faut y mettre le feu parfois. Brûler les mauvaises herbes jusqu’à la racine. Y planter un champ de roses imaginaires, à la place.
[…]

L’automne, Kamouraska, tout entier, est livré aux outardes, canards, sarcelles, bernaches, oies sauvages. Des milliers d’oiseaux sur des lieues de distance. Tout le long de la grève. Vous qui aimez tant la chasse, vous êtes comblée ? Il y a trop de vent ici. Nos, je ne m’habituerai pas à ce vent. La nuit, le vent siffle tout autour de la maison, il secoue les volets. Le vent me fait mourir. 

[1] Puisque le roman se base sur un fait divers, on peut y voir le manoir du seigneur Louis-Paschal-Achille Taché (décédé en 1839), détruit par un incendie en 1886. Reconstruit la même année, le bâtiment, situé au 4, avenue Morel à Kamouraska, fait aujourd’hui partie du Répertoire du Patrimoine culturel du Québec.