CHAUDIÈRE-APPALACHES

Principales villes : Lévis, Thetford-Mines, Montmagny, Saint-Jean-Port-Joli, Beauceville, Saint-Georges-de-Beauce
Gentilé : selon les municipalités
Superficie : 16 131 km2
Population (2023) : 448 665
Origine des toponymes (géographie) :
Chaudière : rivière
Appalaches : chaîne de montagnes

Mots clés : industries, musées, patrimoine, histoire

Face à la ville de Québec, la région de Chaudière-Appalaches se situe sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, entre les régions du Centre-du-Québec et du Bas-Saint-Laurent. Elle partage sa frontière sud-est avec l’état américain du Maine. Comme son nom l’indique, sa géographie est formée de deux types de reliefs : la vallée de la rivière Chaudière, composée de terres fertiles propices aux activités agricoles; et les montagnes appartenant aux Appalaches, dont le massif du Sud autour duquel ont été créés un parc régional et une station de ski.

Chaudière-Appalaches est souvent considérée comme la région au cœur de l’entrepreneuriat québécois. C’est à Lévis qu’ont été fondées les Caisses Desjardins en 1900 et, depuis, de multiples industries et entreprises s’y sont installées. Par exemple, les gâteaux Vachon sont produits à Sainte-Marie-de-Beauce depuis 1923. On peut d’ailleurs visiter la Maison Alphonse-Desjardins et la Maison J.-A. Vachon pour découvrir l’histoire de ces deux familles d’entrepreneurs qui font la fierté des Québécois.

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Source : Culture – Chaudière-Appalaches

Avec plus de 200 kilomètres de côtes, le fleuve joue aussi un rôle important dans la région, comme en témoigne le Musée maritime du Québec à L’Islet. Le territoire qu’on appelle la Côte-du-Sud (de Beaumont à Saint-André-de-Kamouraska) a été un des premiers à être colonisés à l’époque de la Nouvelle-France. On y trouve de jolis villages qui mettent en valeur le patrimoine bâti et l’artisanat traditionnel, notamment Saint-Jean-Port-Joli reconnu pour son symposium international de sculpture sur bois et son Musée de la mémoire vivante, situé dans l’ancien manoir seigneurial de l’auteur Philippe Aubert de Gaspé, père. Un peu plus à l’est, à Saint-Roch-des-Aulnaies, se trouve la Seigneurie des Aulnaies qui date de 1833 et où est toujours produite une farine artisanale.  

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Musée maritime du Québec, L’Islet
Wikimedia Commons

Sur le plan des ressources naturelles, le centre de la région est caractérisé par son passé minier. Le Musée minéralogique et minier de Thetford Mines relate cette histoire dont le paysage de la ville porte encore les traces.

Chaudière-Appalaches est aussi la région où l’ont produit le plus de sirop d’érable au Québec. Un repas dans une cabane à sucre de la région touristique de la Beauce s’impose donc, tout comme une visite au Miller Zoo, qui est à l’honneur dans l’émission de télévision Un zoo pas comme les autres. Vous aurez, par le fait même, l’occasion de rencontrer des Beaucerons et des Beauceronnes, reconnus pour leur fierté régionale !

CHAUDIÈRE-APPALACHES EN TEXTE

Le chemin du retour

Extrait du roman Les anciens Canadiens de Philippe Aubert de Gaspé, père, 1863

Philippe Aubert de Gaspé père, Les anciens Canadiens,
Montréal, Boréal, « Boréal compact », 2002 [1863], p. 39-47, 73, 122, 134, 138-139.

Le texte a été légèrement modifié pour en faciliter la compréhension.

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José, homme à tout faire de la famille d’Haberville, va chercher le fils de la famille, Jules, et son ami Arché de Lochill, au Séminaire de Québec pour les ramener à Saint-Jean-Port-Joli pour les vacances.

Dès que les jeunes voyageurs sont arrivés à la Pointe-Lévis, après avoir traversé le fleuve Saint-Laurent, vis-à-vis de la cité de Québec, José s’empresse d’atteler un superbe et fort cheval à un traîneau : seul moyen de transport à cette saison, où il y a autant de terre que de neige et de glace […]

Grâce à Jules, la conversation ne cesse pas un instant pendant la route. […]

— Dépêchons-nous, dit-il, nous avons douze lieues à faire d’ici au village de Saint-Thomas [maintenant Montmagny]. […] [Répliquant à une blague d’Arché], Jules […] s’écrie : « […] Quoi ? Tu veux m’assassiner sur la voie royale, le long du fleuve Saint-Laurent, sans être touché des beautés de la nature qui nous environnent de toutes parts […]. Tu veux m’assassiner en présence de l’Île d’Orléans […]. !

— Maintenant, dit Arché, […] parle sérieusement et dis-moi pourquoi appelle-t-on l’île d’Orléans, l’île aux sorciers.

— Mais, pour la plus simple des raisons : c’est qu’elle est peuplée d’un grand nombre de sorciers. […]
Il y a à peine deux heures, il m’aurait été facile, entre la Pointe-Lévis et Beaumont, de t’introduire à la sorcière de Beaumont. […]

Les voyageurs continuent gaiement leur route; le jour tombe. Ils marchent pendant quelque temps à la clarté des étoiles. La lune se lève et éclaire au loin le calme du majestueux Saint-Laurent. 

[Une fois au village de Montmagny, les trois voyageurs s’arrêtent pour y souper et y passer la nuit.]

Le lendemain, ils laissent leurs amis […]. Ils ont encore six lieues à parcourir avant d’arriver à Saint-Jean-Port-Joli, terme de leur voyage : trajet qu’il leur faut faire à pied, en pestant contre la pluie […]. Engagés dans le chemin qui traverse le Cap Saint-Ignace, ils s’enfoncent souvent jusqu’aux genoux […].

La conversation d’ordinaire si frivole, si railleuse, de Jules d’Haberville fait place aux sentiments […] à mesure que les voyageurs approchent du manoir seigneurial de Saint-Jean-Port-Joli […].

Le manoir seigneurial, situé entre le fleuve Saint-Laurent et le promontoire, n’en est séparé que par une vaste cour, le chemin du roi et le bocage. […] De tous les côtés où un spectateur assis sur la cime du cap porte ses regards, il voit les belles scènes qu’offre la nature […]. S’il baisse la vue, le petit village semble surgir des vertes prairies qui s’étendent jusqu’aux rives du fleuve. S’il l’élève, au contraire, un panorama grandiose se déroule à ses yeux étonnés :

c’est le roi des fleuves déjà large de sept lieues en cet endroit, il ne rencontre d’obstacle, au nord, que les Laurentides [et] tous les villages, depuis le cap Tourmente jusqu’à la Malbaie; à l’ouest, c’est l’île aux Oies et l’île aux Grues […]; enfin, les deux villages de L’Islet et de Saint-Jean-Port-Joli, couronnés par les clochers de leurs églises respectives.

Le manoir seigneurial (Musée de la mémoire vivante)
vu du Belvédère du domaine de Gaspé
Photo : Sophie Dubois, 2013

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